Algérie : Volte-face et diplomatie ambiguë, quand Alger se perd dans son « non alignement »
Entre Alger et Moscou, l’idylle est vieille de plusieurs décennies et ce n’est un secret pour personne. Et quand tout naturellement deux alliés traditionnels annonce à l’opinion publique internationale des manœuvres militaires conjointes, c’est tout sauf une surprise. L’opération baptisée « bouclier du désert 2022 » était censé manifester une fois de plus la vitalité des relations entre deux vieux amis. Seulement, voilà, à la grande surprise générale, les autorités algériennes annoncent le 28 novembre 2022 l’annulation de ces manœuvres conjointe. Le canal choisi, un simple communiqué lu à la télévision nationale algérienne sans qu’aucune mention n’en soit faite sur le site officiel du ministère algérien de la défense.
Même si cette annonce a suscité nombre d’interrogations, pour les observateurs avertis de la diplomatie algérienne et des récentes prises de position de ce pays, rien d’étonnant. Dans un contexte marqué par la guerre russo-ukrainienne, et alors que Moscou de plus en plus isolée sur la scène internationale est sous le coup des sanctions occidentales, la décision d’Alger d’annuler les manœuvres militaires conjointe avec son vieux partenaire russe n’aurait pas été prise ex nihilo. En effet, selon de nombreux analystes, l’Etat Algérien qui demeure à ce jour l’un des principaux clients de l’Europe en matière de gaz naturel, serait sous la pression du vieux continent pour prendre une certaine distance de la Russie.
Hasard du calendrier ou effet d’opportunisme de l’Algérie, le pays a subitement entamé une normalisation de ses relations avec la France en pleine crise énergétique que traverse l’ensemble des pays européen. Au nom de la réalpolitique et des intérêts, l’Algérie s’est illustrée dans une volte-face implacable vis-à-vis d’un vieux partenaire avec lequel elle dit maintenir toujours les liens.
Le plus surprenant, c’est que s’agissant de l’histoire de ces opérations militaires russo-algériennes, la communauté internationale assiste plutôt à un dialogue de sourd entre Alger et Moscou. Fait majeur, le 1er Février 2023, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, prend le contre-pied d’Alger dans une déclaration à la Chaine russe « Russia Today » et confirme la programmation du 16 au 18 novembre 2023 à Béchar en Algérie des manœuvres conjointes dont Alger annonce l’annulation. Face à cette position ambiguë, une question légitime mérite tout de même d’être posée : à quoi joue l’Algérie ? Les observateurs avisés de la politique algérienne, n’ont guère de difficultés à trouver de réponses à leurs interrogations : induire l’opinion internationale en erreur pour servir des intérêts non avoués dans un jeu de poker dont elle a seule, le secret.
Chose sans équivoque, l’Algérie a fait montre de l’image d’un pays imprévisible et versatile qui foule au pied les engagements pris avec ses partenaires. Une imposture diplomatique à la loupe de la communauté internationale et pourrait éventuellement être mise à nue lors des visites annoncées du Président Algérien à Paris et à Moscou en mai prochain.
