Développement: Le cri d’alarme des Nations Unies en faveur des Pays les Moins Avancés
Les Nations unies ont appelé mardi à une refonte du système financier mondial pour aider les pays les plus pauvres du monde qui luttent pour combler « d’énormes lacunes financières ».
Un nouveau rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce, l’investissement et le développement (Cnuced) souligne que les multiples crises, de la pandémie de Covid à la flambée de l’inflation, en passant par la baisse des investissements directs étrangers, ont particulièrement touché les pays les plus pauvres.
Les 46 pays dits les moins avancés, ou PMA, ont subi un fort ralentissement économique au cours des premières années de la pandémie, voyant leur PIB par habitant demeurer en 2023 inférieur de 16% aux objectifs de croissance fixés par le programme d’action adopté par l’ONU en 2022, a déclaré la Cnuced.
En raison de ce ralentissement économique, 15 millions de personnes ont basculé à leur tour dans l’extrême pauvreté. Dans le même temps, les PMA sont confrontés à une crise de la dette considérable, déboursant 27 milliards de dollars en 2021 pour assurer le service de cette dette, soit une hausse de 37% par rapport à l’année précédente, a souligné la Cnuced.
Les PMA « sont dans une situation désespérée », a alerté sa présidente Rebeca Grynspan lors d’une conférence de presse à Genève, avertissant que ces pays « se trouvent au bord d’un gouffre budgétaire ». Face à de tels défis, l’agence onusienne a averti que les PMA étaient loin d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici l’échéance de 2030, comme prévu par tous les Etats membres de l’ONU en 2015.
Alors que ces pays doivent faire davantage pour mobiliser des ressources intérieures, Mme Grynspan a souligné qu’ils auraient « besoin d’une part importante des ressources de l’étranger », avertissant que le système financier international actuel était mal équipé pour leur venir en aide.
« Les disparités dans la structure financière internationale, les promesses non tenues en matière de financement de la lutte contre le changement climatique et les voix souvent négligées des PMA dans la prise de décision financière soulignent une dissonance systémique », a encore déploré Mme Grynspan.
Les PMA et d’autres pays appellent de plus en plus à réformer l’architecture financière internationale et la manière dont des institutions telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international allouent leur soutien.
Mme Grynspan a souligné que « les principaux processus décisionnels concernant les institutions, les règles et les procédures qui régissent la finance internationale ne tiennent généralement pas suffisamment compte des intérêts des PMA ».
Cela s’explique notamment par le fait que « ces pays ont un poids économique et une influence politique limités », estime-t-elle.
Elle a souligné que les PMA, avec une population combinée d’un milliard de personnes, ne représentent que 4% des droits de vote à la Banque mondiale, alors qu’ils représentent 12% de la population mondiale.
Dans son rapport, la Cnuced appelle la communauté internationale à mettre à la disposition des PMA des volumes beaucoup plus élevés de dons et de prêts à faible coût à des conditions qui n’aggraveront pas la crise de la dette déjà dramatique dans ces pays.
Egalement, les allocations du futur fonds sur « les pertes et dommages » du changement climatique en faveur des pays vulnérables pourrait « changer la donne pour les PMA », a suggéré Mme Grynspan.