Haïti: Le Kenya peut “briser” les gangs, estime son Président
Le déploiement d’une force kényane peut “briser” les gangs en Haïti, a estimé jeudi le président kényan William Ruto, mais sans dire quand cette mission internationale, dont Nairobi a accepté de prendre la tête, commencerait.
Son homologue Joe Biden, qui soutient cette initiative, a lui défendu lors d’une conférence de presse commune à la Maison Blanche sa décision de ne pas envoyer de soldats américains dans ce pays pourtant tout proche, parce que cela pourrait “être présenté de manière déformée”.
Le Kenya et d’autres pays qui se déploieront en Haïti ont pour objectif de “sécuriser ce pays et de briser les gangs et des criminels qui ont infligé des souffrances indicibles à ce pays”, a déclaré M. Ruto.
“Les gangs et les criminels n’ont pas de statut. Ils n’ont pas de religion”, a-t-il ajouté en promettant que cette mission internationale “s’occuperait d’eux avec fermeté et détermination, dans le respect de la loi”.
Interrogé pour savoir si le déploiement kényan peut réussir à vaincre les gangs qui ont plongé Haïti dans une quasi-anarchie, M. Biden a répondu par l’affirmative.
“Il s’agit d’une crise. Il est possible d’y faire face”, a-t-il dit, louant les “capacités de premier ordre” du Kenya.
“Nous sommes dans une situation où nous voulons faire tout ce qui est en notre pouvoir sans donner l’impression que l’Amérique, une fois de plus, s’impose et décide de ce qu’il faut faire”, a affirmé M. Biden pour justifier le fait de ne pas envoyer de soldats.
Le Kenya doit déployer sous peu des policiers en Haïti, dans le cadre d’une mission multinationale soutenue par l’ONU, afin d’aider le pays à lutter contre l’insécurité.
Un premier contingent pourrait être déployé cette semaine, coïncidant avec la visite d’Etat du président kényan à Washington, mais aucune annonce n’a été faite jeudi.
Le président kényan a souligné qu’il y avait un “modus operandi clair” pour cette force de plusieurs milliers personnes qui viendra en appui à la police haïtienne, débordée.
A ce stade, selon l’ONU, au moins sept pays ont indiqué qu’ils fourniront des personnels dont le Bangladesh, le Tchad ou la Jamaïque, et d’autres apporteront des équipements et financements.
Fin février, des gangs ont lancé des attaques coordonnées contre des sites stratégiques à Port-au-Prince, disant vouloir renverser le Premier ministre contesté Ariel Henry. Ce dernier a annoncé sa démission le 11 mars et un conseil présidentiel de transition a officiellement été investi en avril.
Après deux mois et demi de fermeture, l’aéroport international de Port-au-Prince vient par ailleurs de rouvrir.
S’exprimant mercredi lors d’une audition parlementaire, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait parlé d’un pays “au bord de devenir un Etat défaillant” soulignant la nécessité d’y envoyer une telle force multinationale.
Le système de santé est “au bord de l’effondrement”, a alerté pour sa part mercredi l’Unicef, alors que le pays connaît une grave crise humanitaire.