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Kenya: Le Président William Ruto lâche du lest face à la pression de la rue

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Le président kényan William Ruto a annoncé mercredi le retrait du projet de budget 2024-25 prévoyant des hausses d’impôts, à l’origine d’une puissante contestation dans le pays qui a sombré mardi dans une violence meurtrière.

Le chef de l’Etat a appelé à une concertation nationale avec la jeunesse, dans un discours au lendemain d’une troisième journée de mobilisation en huit jours contre ce texte, qui a fait 22 morts selon l’organe officiel de protection des droits humains (KNHRC).

« Le peuple a parlé (…) Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m’incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré », a déclaré William Ruto.

Cette annonce a été saluée par les Etats-Unis, où le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a salué des mesures visant à « réduire les tensions », dans un entretien avec M. Ruto.

« Une opération de com », a toutefois réagi sur X une des figures de la contestation au Kenya, Hanifa Adan.

« Le projet de loi est retiré mais allez-vous rendre la vie à tous ceux qui sont morts?? », a également écrit cette journaliste et militante, qui avait plus tôt dans la journée appelé à une marche blanche « pacifique » à la mémoire des victimes jeudi.

« N’oubliez pas. Ne pardonnez pas », a-t-elle ajouté.

Nelly, 26 ans, a dit à l’AFP qu’elle se rendrait jeudi à cette marche. « Nous allons marcher demain pour un meilleur avenir au Kenya », a-t-elle affirmé.

Le droit de manifester « doit être respecté » par les autorités kényanes, a dit mercredi un porte-parole de la Maison Blanche.

Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a quant à lui réclamé que les responsabilités soient « clairement » établies après la mort de manifestants.

A Nairobi, l’annonce du vote du texte mardi par le Parlement, où le parti présidentiel Kenya Kwanza est majoritaire, avait déclenché la colère des manifestants réunis non loin.

La foule a pris d’assaut le complexe abritant l’Assemblée nationale et le Sénat, saccageant et incendiant certains bâtiments, dans une attaque inédite dans l’histoire du pays indépendant depuis 1963. Selon plusieurs ONG, la police a tiré à balles réelles sur la foule.

Nairobi et plusieurs villes ont également été le théâtre de pillages. Des bâtiments ont été incendiés à Eldoret, dans la vallée du Rift, fief du président William Ruto.

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