Togo: Les trois défis majeurs dont hérite Victoire Tomégah Dogbé, la première femme Premier ministre du Togo

Depuis cette mi-journée de ce 28 septembre 2020 ; elle est rentrée dans l’histoire du Togo comme étant la première femme à entrer à la primature. Victoire Sidémého Tomégah Dogbe est nommée Premier ministre après avoir été ministre du Développement à la base, de l’Artisanat, de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes dans le Gouvernement Komi Sélom Klassou. A 60 ans, cette haute fonctionnaire du système des Nations Unies et très proche du Président de la République Faure Gnassingbé dont elle était la directrice de cabinet est propulsée à la tête d’un futur gouvernement aux défis de taille :

1-Gérer la crise sanitaire liée au coronavirus
Victoire Sidémého Dzidudu Dogbe Tomegah sait mieux que quiconque le contexte dans lequel intervient sa nomination. Le Togo, en effet, n’est pas épargnée de la pandémie liée au nouveau coronavirus. Même si à ce jour la situation semble être sous contrôle, l’augmentation de cas de contamination et de décès ces dernières semaines est préoccupante.

A la date du 28 septembre 2020, le Togo enregistre 1743 cas confirmé, 367 cas actifs, 1330 cas guéris et malheureusement 46 décès. La prorogation il y a quelques jours de l’état d’urgence sanitaire démontre à juste titre la préoccupation qu’est celle du Président de la République qui coordonne lui-même la politique nationale de riposte. Sur le terrain, les défis sont encore de taille. La cellule nationale de riposte contre la maladie a récemment dénoncé un relâchement dans le respect des mesures barrière, impliquant la nécessité d’une intensification des sensibilisations.

Les restrictions liées à l’état d’urgence et l’obligation du respect des mesures barrières prescrites par le gouvernement sont parfois violées et l’intervention des forces anti-covid décriée dans certaines parties du Togo. Dans la région centrale, encore sous couvre-feu en raison de l’augmentation des cas de contamination, les populations crient leur ras-le-bol et réclament un retour à la normale. Le 26 septembre dernier, l’intervention des forces anti-covid dans le canton de Koka dans la préfecture de Doufelgou a provoqué la mort d’une personne et de nombreux blessés dont certains dans un état grave. L’autre défi dans la gestion de cette pandémie au Togo est la mobilisation des financements pour alimenter le fond de riposte annoncé le 1er Avril 2020 par le chef de l’Etat Faure Gnassingbé.

2-Sauver le PND mis à rude épreuve par le covid-19
La gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus est au niveau mondial, la préoccupation de l’heure. Tous les projets de développement ont été relégués au second plan, le coronavirus oblige. Au Togo, c’est le Plan National de Développement(PND) qui en pâtit. Depuis l’apparition de la pandémie, cet agenda quinquennal pour le Togo de demain, lancé officiellement le 04 Mars 2019 par le Chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé, semble avoir été oublié du togolais lambda.

La nouvelle équipe gouvernementale que va présider Victoire Tomégah Dogbé doit avoir une feuille de route toujours axée sur le PND. Le Président de la République a fait de la mise en œuvre de ce plan une priorité. Dans ce qu’il a appelé « Mes engagements », son projet de société pour ce nouveau quinquennat, sa vision portée sur le PND se décline en des termes clairs : « poursuivre la construction d’un Togo stable, prospère et harmonieux ».

Le Plan National de Développement qui couvre la période 2018-2022 est un document stratégique qui vise à transformer structurellement l’économie togolaise pour une croissance forte, durable, résiliente, inclusive, créatrice d’emplois décents pour tous et induisant l’amélioration du bien-être individuel. Doté d’une enveloppe estimée à 4 622 milliards de francs CFA (7 milliards d’euros), le PND doit être financé par le secteur privé à hauteur de 65 %. La mise en œuvre de ses trois axes devra permettre de créer à terme près de 500 000 emplois.

Dans un contexte de crise sanitaire, le cabinet Tomégah-Dogbé devra s’acquitter et de l’obligation de moyen et de celle de résultats. L’objectif primordial étant surtout d’améliorer le panier de la ménagère. Ce qui parait difficile mais non impossible pour cette équipe, c’est : comment, tout en gérant la crise sanitaire liée au coronavirus, il faut maintenir le cap dans la mise en œuvre du PND ?

3-Assassinat du colonel Madjoulba : faire rejaillir la lumière
L’un des dossiers lourds qui aura entaché cette fin de fonction du cabinet Klassou et dont hérite le cabinet Tomégah-Dogbé, est celui de l’assassinat du Colonel Bitala Madjoulba.

Le commandant du 1er bataillon d’intervention rapide (BIR) a été tué dans la nuit du 3 au 4 mai dernier, quelques heures après l’investiture du président Faure Gnassingbé. Depuis lors, une commission nationale d’enquête, dont les travaux vont être appuyés de l’expertise de la France, a été mise en place par le Président de la République. L’assassinat de ce haut gradé de l’armée togolaise a fait couler beaucoup d’encre et de salive et provoqué la colère de la rue dans sa préfecture natale, Doufelgou.

Les résultats de l’enquête sur ce crime, est l’autre point sur lequel les togolais, si non une bonne partie, attendent le cabinet Tomégah-Dogbé. GK