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Togo: Robert DUSSEY “La diplomatie togolaise a été de tous les rendez-vous aussi bien nationaux qu’internationaux”

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L’année 2019 est à sa fin. Au moment où on s’apprête à franchir le cap de 2020, C’est l’heure du bilan à tous les niveaux. Le chef de la diplomatie togolaise jette un regard rétrospectif sur douze mois d’intenses activités. Interview avec Robert DUSSEY,Ministre togolais des Affaires Etrangères, de l’intégration Africaine et des Togolais de l’Extérieur

Integralnews.info: Monsieur le Ministre, bonjour ! Dans quelques jours, nous franchirons le cap d’une nouvelle année. A l’heure du bilan, êtes-vous satisfaits de la contribution de la diplomatie à l’oeuvre de construction du Togo et à la marche du monde ?

Robert DUSSEY : Bonjour. Je vous remercie pour cette occasion que vous m’offrez de revenir un tant soit peu, sur les faits marquants de l’activité diplomatique du Togo au cours de l’année 2019.
Pour revenir à votre question, je dirai que la diplomatie togolaise, sous l’impulsion du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Faure GNASSINGBE, dont je salue la vision et la clairvoyance, a été de tous les rendez-vous aussi bien nationaux qu’internationaux, en vue d’accompagner les efforts du Gouvernement dans sa quête du mieux-être pour tous les fils et filles de notre pays.
Cependant, dire que j’en suis satisfait serait, pour le philosophe que je suis, faire preuve de suffisance et de minimalisme. L’espoir d’un Togo meilleur et prospère est un combat de tous les jours, un combat sans fin, dans lequel l’autosatisfaction ne saurait être de mise. Je peux cependant, sans fausse modestie, dire que le personnel de mon département, aussi bien à la centrale que dans nos missions diplomatiques et consulaires, a donné le maximum pour l’atteinte des objectifs que nous nous sommes fixés en début d’année. Quant aux résultats, je laisse le soin aux Togolais, y compris vous les hommes de médias, d’apprécier.

Integralnews.info: Je voudrais, si vous le permettez, qu’on rentre dans le vif du sujet en évoquant une thématique sur laquelle vous avez été très actif. En début d’année, votre ministère s’est vu adjoindre de nouvelles attributions, celles des Togolais de l’extérieur. Qu’est-ce qui a été fait en faveur de la diaspora durant ces 12 mois ?
Robert DUSSEY : Il s’agit là d’une question très intéressante dans la mesure où un pan entier des activités du Ministère a été consacré cette année à la diaspora togolaise.
La diaspora togolaise, comme celle d’ailleurs, qu’on l’accepte ou pas, est un acteur
devenu incontournable dans le processus de développement du continent. C’est un
fait. Et il est d’ailleurs inutile de rappeler que le montant des transferts qu’elle envoie
en Afrique, dépasse de loin l’aide publique au développement. De plus, le potentiel
de ce que cette diaspora peut apporter en termes de compétence et de réseaux
relationnels est énorme. Les Etats ont donc pris conscience de la place de la
diaspora, riche de sa diversité et de ses intelligences, dans l’effort de développement
et ont dès lors mis en place, ces dernières années, des politiques orientées vers
l’intensification de la participation de leurs ressortissants de l’extérieur aux efforts
nationaux de développement.
Le Togo n’est pas du reste. La volonté du Gouvernement de prendre en compte la
diaspora dans le processus de développement de notre pays ne date pas
d’aujourd’hui, comme vous semblez le dire. En effet, depuis 2005, le Gouvernement
n’a cessé de multiplier les initiatives à la fois institutionnelles et administratives en
faveur des Togolais de l’extérieur. Sans être exhaustif, on peut noter, pour illustrer :
– La création par décret en 2005 de la Direction des Togolais de l’Extérieur au
Ministère des Affaires étrangères, chargée de mettre en oeuvre la politique du
Gouvernement visant à la protection et la défense des intérêts des Togolais
de l’extérieur ;
– l’institution du programme diaspora en 2010 portant notamment sur le recours
aux compétences de la diaspora (2010-2014) ;
– la création en 2014 du comité interministériel chargé de la coordination et du
suivi des activités de migration et développement ;
– la mise en place d’une cellule diaspora chargée d’accompagner les Togolais
de l’extérieur porteurs de projets dans leur mise en oeuvre ;
– la désignation depuis 2015 de points focaux chargés de la diaspora dans les
missions diplomatiques et consulaires du Togo ;
– des tournées de rencontre avec la diaspora entre 2013 et 2014 ;
– l’organisation des grandes assises de la diaspora en 2014 à Lomé ;
– l’exemption de visa pour les Togolais de l’extérieur détenteurs d’une double
nationalité ;
– l’organisation de la première édition de la semaine des « Réussites Diaspora»
en 2016.
C’est dans cette lancée que le Gouvernement a consolidé son engagement vis-à-vis
de nos compatriotes vivant à l’étranger à travers de nouvelles attributions pour le
Ministère des Affaires étrangères, tutelle de cette diaspora, en prenant en compte
dans son appellation « les Togolais de l’extérieur ».
Conformément à cette mission, qui en vérité n’est pas nouvelle, puisqu’elle s’inscrit
dans la continuité des efforts déjà entamés par le gouvernement en faveur de sa
diaspora, j’ai lancé le 1er avril 2019 au nom du Gouvernement, la Feuille de route des
Togolais de l’extérieur qui porte sur plusieurs activités aux rangs desquels figurent
notamment une meilleure organisation de la diaspora togolaise en vue de sa plus
adéquate implication dans les efforts de développement national. Il s’agit de faire de
la diaspora un interlocuteur des pouvoirs publics. Or, et tout le monde le sait, notre
diaspora est extrêmement divisée et hétéroclite, d’où la nécessité de mieux
l’organiser pour lui donner un visage. Le défi était grand dans la mesure où il s’agit
de créer et d’instituer une logique d’unité à partir de la pluralité caractéristique de
cette diaspora.
Nous avons donc lancé au début du mois de juillet le processus de vote en ligne
ayant conduit à l’élection de soixante-dix-sept (77) Délégués-pays, membres du Haut
Conseil des Togolais de l’Extérieur (HCTE) qui est une plateforme consultative et
non partisane. Le HCTE se veut un cadre d’échanges et de travail entre le
gouvernement et les Togolaises et Togolais de l’extérieur sur les questions de
développement, de défense des droits et des intérêts de ces derniers.
Après leur élection, les 77 Délégués-pays, membres du HCTE se sont réunis pour la
première fois à Lomé les 28 et 29 novembre 2019 à l’occasion du Forum « HCTERéussites
diaspora ».

Integralnews.info: Justement monsieur le Ministre, que poursuiviez-vous à travers l’organisation du « Forum HCTE- Réussites diaspora » qui, selon beaucoup d’observateurs, a connu un éclatant succès ?

Robert DUSSEY : Le « Forum HCTE- Réussites diaspora » répondait à deux objectifs
principaux :
Premièrement, il a été l’occasion pour le Gouvernement d’entretenir les Déléguéspays
sur leurs rôles, leurs missions, leurs responsabilités et le cadre juridique de
leurs actions, de présenter la vision de développement qui sous-tend l’action
gouvernementale, d’une part, et de définir avec eux, les conditions d’une contribution
plus optimale de la diaspora aux efforts de développement du Togo, d’autre part. A
l’issu du forum, les 77 Délégués pays du HCTE ont été officiellement installés dans
leurs fonctions à l’occasion d’une cérémonie officielle personnellement présidée par
le Premier Ministre, Son Excellence Monsieur Selom KLASSOU, au nom du
Président de la République, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna
GNASSINGBE. Il faut également dire que les membres du HCTE ont pu mettre en
place leur bureau, composé d’un Présidents et de quatre Vice-Président pour
chacune des zones géographique (Afrique, Amérique, Europe et Asie-Océanie).
Deuxièmement, eu égard aux résultats satisfaisants de la première édition des
« Réussites diaspora, le Ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine
et des Togolais de l’Extérieur a organisé la deuxième édition, pour célébrer
l’excellence togolaise dans le monde. La Nuit des Réussites Diaspora a eu lieu le
29 novembre 2019 au cours d’une belle soirée de gala au Palais de la Présidence de
la République. Elle a révélé au monde cinq talentueux Togolais de la diaspora dont
les réalisations et inventions ont contribué à faire avancer l’humanité. Leurs mérites
étant reconnus dans leurs pays de résidence, leur patrie se fait le devoir de les
honorer. Ces cinq héros de la patrie sont :
– Docteur Victor Kossikouma AGBEGNENOU, dont le principal mérite est
d’avoir inventé un kit innovant (cartable numérique) reliant enseignants et
apprenants via internet qui fonctionne grâce à l’énergie solaire. Le dispositif
permet aux élèves d’avoir accès à leurs cours et autres documents
pédagogiques n’importe où ils se trouvent ;
– Dr André BATAKO, inventeur, entre autres, d’une affuteuse linéaire à coupe
profonde et à grande vitesse avec vibration, d’une machine à désinfection de
l’eau potable en utilisant les rayons ultra-violets avec des lampes sans
électrodes et d’une machine pour sécher les produits agricoles en utilisant les
rayons infra-rouges ;
– M. Jean-Claude HOMAWOO : il est le cofondateur, associé et directeur de
LORI SYSTEMS de Nairobi au Kenya, en charge, entre autres du
développement et de l’autonomisation des logiciels, de la stratégie
commerciale et de l’optimisation des opérations. En 2017, LORI a été
reconnu Start-Up à la croissance la plus rapide en Afrique.
– Monsieur Simon WOROU : Maire de la Commune de Sainte Juliette en
France, et
– Monsieur Pierre Koffi ALANDA ; spécialiste de l’agriculture biologique à
Branconnet dans les Alpes français, il a mis au point un système de clôture
électrique qui peut être une solution pour les problèmes liés à la
transhumance.
En célébrant la réussite de ces concitoyens, nous encourageons la culture de
l’excellence.

Integralnews.info: Un autre sujet d’actualité et pas des moindres, ce sont les négociations entre les ACP et l’UE en vue d’un accord post-Cotonou d’ici 2020.En votre qualité de négociateur en chef du groupe ACP, dites-nous ce qu’il en est ? Un accord est-il possible avant l’échéance de février 2020 ?

Robert DUSSEY: Signé en 2000 pour une période de 20 ans, l’accord de Cotonou qui régit actuellement les relations entre les ACP et l’UE expire le 29 février 2020. Les
négociations en vue de la conclusion d’un nouveau partenariat ont été lancées le 20
septembre 2018 à New York, en marge de la 73ème session de l’Assemblée générale
des NU. Les négociations en cours, visent à poser les jalons d’une nouvelle dynamique et
d’une nouvelle coopération transcendant la coopération classique au développement.
Le partenariat ACP-UE est principalement axé sur l’éradication de la pauvreté et le
développement durable et inclusif des pays ACP et des pays de l’UE. Il couvre trois
domaines d’action essentiels: la coopération au développement, le dialogue politique
et le commerce.
S’appuyant sur les enseignements tirés de 44 ans de coopération et tirant le meilleur
parti du nouveau contexte, le futur accord pourra ouvrir des perspectives sans
précédent. En nouant une alliance politique forte, les ACP et ses partenaires seront
en mesure de mettre au point des solutions adaptées aux défis propres à chaque
région, dont la croissance et la création d’emplois, le développement humain et la
paix, les migrations et les questions de sécurité. Parmi les défis qui se posent
actuellement à l’échelle mondiale, nombreux sont ceux qui requièrent une démarche
concertée et multilatérale pour obtenir des résultats concrets.
Un an après le lancement des négociations ACP-UE post 2020, les discussions
avancent dans la sérénité.
Le premier défi relevé a été de trouver un consensus sur le format du futur accord de
partenariat. Il sera composé d’un socle commun applicable à tous les Etats membres
et de trois piliers régionaux qui refléteront les spécificités et les besoins propres à
chacune des régions qui constituent les ACP. C’est dire que l’Afrique, les Caraïbes
et les Pacifiques sont appelés à négocier directement leurs protocoles régionaux
respectifs avec l’UE, à la lumière de leurs ambitions de développement. En
responsabilisant ainsi les régions, le groupe ACP a la conviction que celles-ci feront
un travail de fond efficace.
Toutefois, il devient peu probable que ces négociations puissent s’achever avant le
29 février 2020, date d’expiration de l’Accord en cours. Déjà, le 23 mai 2019, le
Conseil conjoint des Ministres ACP-UE, mesurant la complexité de la tâche, avait
délégué ses pouvoirs au Comité conjoint des Ambassadeurs en vue d’adopter toutes
mesures transitoires requises qui éviteraient une interruption du partenariat ou un
vide juridique, au cas où les négociations n’arriveraient pas à terme en temps voulu.
Les discussions sur ces mesures transitoires se poursuivent également entre les
deux parties. Le moins que l’on puisse dire pour l’instant est que les deux parties
s’accordent sur une seule prorogation de l’Accord de Cotonou avec pour date limite
le 31 décembre 2020. Ce que je peux vous dire, c’est que nous mettons tout en
oeuvre pour progresser le plus rapidement possible afin que le paraphe du nouvel
Accord puisse intervenir au plus tard en fin mars 2020.
De cette façon, nous pourrons disposer de suffisamment de temps pour apprêter le
nouvel Accord en vue de sa signature prévue à Apia (Samoa).

Integralnews.info: Monsieur le Ministre, vous avez été également très offensif dans le cadre de relations bilatérales. Quels sont les pays vers lesquels vous avez orienté vos actions ?

Robert DUSSEY: Comme dit plus haut, notre pays a besoin de partenaires pour la
réalisation du PND. C’est dans cette optique que, j’ai effectué des visites officielles
au Brésil, en France et en Algérie. Au-delà des sujets d’intérêt commun, régionaux et
internationaux relatifs à une meilleure coordination de la lutte contre le terrorisme et
l’extrémisme violent ainsi que celle contre la piraterie maritime, ces voyages ont été
l’occasion pour moi de présenter aux milieux d’affaires de ces pays amis les
opportunités offertes par le PND et de les encourager à investir au Togo.
Dans le même registre, j’ai reçu à Lomé mes collègues de l’Inde et de la Serbie pour
l’intensification de notre coopération.

Integralnews.info: Monsieur le Ministre, nous arrivons à la fin de cette interview, votre mot de fin.

Robert DUSSEY : Je voudrais dire un mot sur la visite que j’ai effectuée, avec mes
collaborateurs, au Centre de la Communauté Saint Camille de Lellis de Zooti, qui
prend en charge des malades mentaux. Nous avons fait le choix de célébrer Noël
avec eux, pour leur apporter, au nom du Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur
Faure Essozimna GNASSINGBE, notre réconfort et notre solidarité.
Comme vous le savez sans doute, dans nos communautés, les personnes souffrant
de troubles mentaux sont généralement marginalisées, voire maltraitées. Cette
attitude de répulsion est de nature à en rajouter au mal dont ils souffrent déjà. C’est
pourquoi je salue les membres du personnel du Centre de la Communauté Saint
Camille de Lellis de Zooti qui ont fait le choix de mettre leurs vies au service de cette
couche non seulement vulnérable mais souvent oubliée en prodiguant des soins
médicaux et en entourant d’amour les 210 pensionnaires qui y séjournent
actuellement.
Pour finir, je voudrais ici lancer un appel à toutes les bonnes volontés, personnes
physiques ou morales, à se manifester pour soutenir les nobles actions de l’ONG
Saint Camille de Lellis qui a d’énormes besoins pour répondre adéquatement au
sacerdoce pour lequel elle s’est engagée. En faisant ce geste de coeur, vous
contribuez à soulager la peine de ces personnes et à rendre le monde meilleur.

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