D’où le polisario tire-t-il ses ressources pour financer ses activités ? Cette question qui taraude depuis belle lurette l’esprit de nombre d’observateurs semble de plus en plus trouver de réponse. Même si le Maroc pointe du doigt certains pays qu’il accuse de soutenir ce groupe qui viole son intégrité territoriale, on a enfin la lumière sur une autre source de financement de ces ennemis du Royaume Chérifien. Dans une longue enquête intitulée « La méthode Hawala » et publiée par le journal allemand « WELT », notre consœur, Christine Kensche met en lumière la nouvelle trouvaille du polisario : le blanchiment d’argent.
Tout se passe selon un modus operandibien connu. Dans le monde musulman, l’argent est souvent transféré selon la méthode « hawala ». Ainsi, des milliards circulent autour du globe sans traçabilité. Selon les informations de WELT, des individus entretiennent un nouveau réseau de blanchiment reliant plusieurs pays d’Europe au groupe polisario à travers le système « hawala ».
Complètement anonyme, le pivot de cette mafia, un certain Ahmed A. est à la tête d’un système bancaire parallèle qui relie l’Europe à l’Afrique et au Moyen-Orient et pourrait soutenir selon le journal, les attaques contre les citoyens occidentaux.WELT décrit une pratique qui échappe à tout contrôle:
« en quelques heures, un montant déposé en Europe est reversé en Afrique de l’Ouest – sans que l’argent n’ait réellement bougé. Sans que l’origine de l’argent, le nom de l’expéditeur ou celui du destinataire soit inscrit. Le client et le commerçant de Madrid se sont contentés de transmettre le code numérique à des milices du Polisario, le mot de passe du « transfert ». La transaction est totalement anonyme. Les intermédiaires perçoivent une commission de quelques pour cent pour cela.Cette méthode est appelée hawala, en arabe pour lettre de change ou mandat. C’est un ancien système de transfert de fonds musulman basé uniquement sur la confiance. Une sorte de Western Union de l’Orient, si vous voulez. La seule différence est que les flux d’argent contournent toute surveillance financière » souligne l’auteure de l’article.
La vérité, poursuit-elle, c’est que les enquêteurs financiers allemands ont découvert des transferts hawala de nombreux pays européens, dont l’Allemagne, la Belgique, la France et la Grande-Bretagne, ainsi que des États du Golfe vers des membres du Polisario. Le ministère fédéral allemand des Finances estime que 200 milliards de dollars américains circulent chaque année dans le monde via ces banques parallèles.Ce mode opératoire est particulièrement pratique pour les criminels, qui peuvent blanchir l’argent qu’ils ont acquis par le crime en le déposant anonymement en espèces au Liban ou en Algérie, par exemple, puis faire leurs affaires discrètement en Europe par virement bancaire. Les liquidités des « hawaladars » d’Europe, d’Afrique et du Moyen-Orient s’équilibrent – ou, si nécessaire, sont compensées par la contrebande d’argent liquide, de bijoux ou de montres de luxe.
Notre consœur révèle même que des cartes de visite avec le nom « Pneus » et des publicités « Services informatiques » et « Money Exchange » en arabe ont été découvertes par des enquêteurs à Tindouf, ville algérienne abritant le mouvement séparatiste du Polisario. Parmi les experts du terrorisme, cette découverte déclenche des alarmes. Cette région est truffée de ramifications allant d’Al-Qaïda à l’État islamique. L’anonymat qui entoure ce système fait des réseaux hawala l’instrument privilégié des gangs mafieux, qui les utilisent pour blanchir l’argent de la drogue, par exemple.
Le Maroc accuse le gouvernement iranien de soutenir les milices du Polisario qui auraient reçu de Téhéran des missiles sol-air et des drones.